(cami) breathless.

WEST, CAMILLE -DITE CAMI-
« c’est bien, tu as de l’humour, tu as fais les soldes ? »

nom complet: camille. la fierté d'ta mère d'avoir mis en avant ses origines françaises. qu'elle était heureuse de pouvoir mettre en avant un bout d'elle-même et tenter d'te façonner à son image. efforts vains. parce qu'y a qu'tes parents qui s'cassent la tête à prononcer ton prénom complet. toi, tu préfères de loin cami. t'sais pas vraiment d'où c'est parti, d'comment c'est venu. probablement tes potes qu'ont déconné un soir. ou alors c'est qu'c'est chiant de tout prononcer. genre, comme si les trois dernières lettres n'servaient à rien. cami, camille. c'du pareil au même. west. propriété d'ton paternel. le patronyme qui se répand sur toutes les lèvres. entre ta mère, ancienne top model et ton père, grand patron des bijoux west. y a d'quoi avoir le tournis. la pression sur les épaules depuis qu't'es gamine. sans trop comprendre pourquoi, sans trop savoir c'que tu vas pouvoir faire avec ça. toi, t'façon, t'as un avenir d'assuré mais si t'en voulais pas, comment ça s'passe ? ☆ âge, date et lieu de naissance: vingt-deux ans qu'tu respires. la première fois, c'était à san francisco, au matin d'un quinze novembre.  ☆ nationalité et origines: beaucoup d'ici et un peu d'là-bas. nationalité américaine, origine française.  un océan entre les deux, semblable à c'qui te sépare d'tes géniteurs. ☆ orientation sexuelle : t'en sais trop rien, t'as pas l'temps de te préoccuper d'ça. tu n'l'as jamais pris d'ailleurs. on dira qu't'es hétérosexuelle, par défaut. parce qu'on t'a dit qu'c'était comme ça qu'il fallait être. parents conservateurs, qui n'hésiteraient pas à cracher sur ceux qui s'contente d'aimer une personne et pas un sexe. toi, tu t'en fous, ça t'fait ni chaud ni froid, du moment qu'le monde est heureux, ça suffit. ☆ statut civil: éternelle célibataire. t'as pas l'temps, t'as pas l'envie non plus. poupée vierge qui s'en tape royalement qu'on s'foute de sa gueule sur c'point là. ta carrière avant ta vie privée, c'tout ce qui compte, depuis qu't'es toute petite. ta mère désespère que tu finisses par rencontrer quelqu'un. ton père est soulagé de n'pas avoir à proférer quelques menaces parce que t'es son bijou le plus précieux. ☆ occupation: jeunesse bousillée mais jeunesse prometteuse. étudiante à ucla, boursière à plein temps. sport étude. gymnaste de haut niveau. tu joues en ce moment ta sélection pour les prochains jeux olympiques. stress, challenge, concentration. tu donnes tout c'que t'as, tu t'focalises sur un rêve qui pourrait devenir une réalité. ou alors s'casser la gueule.  ☆ situation financière: gamine friquée bien malgré elle. l'argent qui dort sagement sur ton compte en banque. pas vraiment dépensière, tu ne te sers que de ce dont tu as besoin. pour les folies d'tes compétitions, tes parents, fervents spectateurs, sont là pour t'payer tout c'qui faut. même quand tu demandes rien. ☆ situation familiale: fille unique. pas d'autre attache qu'tes parents. c'est bancal, y a tout un monde qui vous sépare. eux, ils n'jugent que par les titres, la notoriété, l'argent. toi, tu t'fous d'tout ça, du moment qu'tu vis, qu'tu aimes et qu'tu t'sens bien. toi, tu voudrais qu'ils te lâchent la grappe, qu'ils s'occupent de leurs affaires et t'laissent vivre ta vie comme bon te semble. malheureusement, c'n'est pas le cas. et tu subis la pression d'ces géniteurs qui attendent toujours plus de toi. et, en bonne enfant, tu leur rends au centuple. docilement. ☆ traits de caractères: ☆ douce, généreuse, attachante, intelligente, concentrée, rêveuse, instable, déterminée, studieuse, fonceuse, discrète, bancale, anxieuse, distraite, adroite, sociable, secrète, drôle, simple, naturelle, loyale. ☆ avatar: olivia holt. ☆ groupe: dancing on my own

—— way down we go ——

01. qu'elle était belle, la mannequin, avec sa longue chevelure couleur des blés. elle les faisait tous baver. tous prêts à ramper à ses pieds. mensurations parfaites, c'pourtant lui qui l'a eu. lui et son sourire colgate. grand créateur de bijoux, rencontré lors d'un événement marketing pour sa nouvelle série d'babioles hors de prix. elle était majestueuse avec à son cou, l'plus beau d'ses chefs d'oeuvre. il aura galéré pour lui mettre l'grappin dessus. elle, trop fière, trop belle, trop forte. elle l'a fait languir, elle l'a fait ramper à ses pieds toujours fardés d'talons aiguilles qui rendaient ses jambes interminables. et puis, quand il l'a enfin eu, c'en est suivi la totale. mariage digne d'ceux qu'on peut voir à la télévision. des tonnes d'célébrités, presque princier. du fric jeté par les fenêtres, que du paraître. et pourtant, ils s'aimaient comme deux adolescents, s'redécouvrant chaque jour. jusqu'à c'que t'arrives. jusqu'à c'que tu pousses ton premier cri. bonheur à son paroxysme, comme si plus rien n'pouvait les combler d'avantage. on a cru qu'ce serait leur fin. erreur. ça a été leur commencement véritable. 02. y a qu'pour toi qu'ça a été l'enfer. t'as jamais manqué de rien, ça non. y avait d'l'éducation, des bonnes manières. des sorties, des activités. d'l'argent dès qu'il t'fallait quelque chose que t'envisageais mais qu'tu demandais pourtant pas. y avait la notoriété aussi, l'fardeau d'un nom bien trop grand pour toi. t'comprenais rien à l'époque, t'comprends toujours pas d'ailleurs. y avait aussi d'l'amour. mais c'était pas vraiment celui qu'tu voulais. t'aurais aimé qu'on t'aime pour celle qu'tu voulais être. pas pour celle qu'ils voulaient qu'tu sois. sauf que toi, toute seule, tu n'pouvais rien exiger. et puis t'façon, est-ce que t'en aurais seulement été capable ? jolie poupée aux allures d'princesse. tu t'es simplement contentée d'grandir comme ils le voulaient, t'pliant à leurs exigences toujours plus grandes. parce que toi, à défaut d'vouloir être aimée comme t'étais, tu les as adulé, eux. comme ils étaient. pour ce qu'ils étaient, ce qu'ils représentaient. parce que c'comme ça qu'un enfant doit agir. la reconnaissance de tout c'qu'ils t'apportaient. enfant naïve, aveuglée par leurs machinations. manipulation d'une gamine qu'avait pourtant rien demandé. c'était p'tre justement pour éviter qu'tu deviennes trop farouche qu'ils t'ont muselé dès l'plus jeune âge. 03. l'père qui t'surprotège, qui veut pas qu't'ais la moindre égratignure. physique ou mentale. élevée à la dure, en t'montrant d'abord c'qui fait mal pour qu'tu sois plus forte. tu tombais, fallait qu'tu t'relèves sans un mot, sans une larme. sinon, t'avais pas d'histoire avant d't'endormir. si tu ne regagnais pas la table à l'heure pour manger, tu aurais l'droit au service avec les domestiques, plus tard. tu les aimais bien, ces hommes et femmes au service d'la maison, d'tes parents. c'était juste qu'toi, t'étais affamée. deux exemples parmi tant d'autre. grand maître d'la force mentale. jamais il n'a levé la main sur toi. ses mots suffisaient à t'plonger dans la terreur. l'ton d'sa voix, aussi froid qu'un glaçon à peine sorti du congélateur et qu'on poserait sur ta peau. c'était suffisant pour t'faire comprendre que tu n'devais pas discuter les ordres, les règles établies. t'as jamais eu peur de c'qu'il pourrait t'faire. t'as admiré sa force de caractère, sa poigne de fer qu'a fait d'lui l'grand homme que t'imaginais. d'ton point d'vue d'enfant, ton père, c'était un super-héros des temps modernes. sans cape, sans pouvoir. un type à la bruce wayne. ton père, c'était l'plus fort. jusqu'à c'que tu finisses par déchanter. gamine bercée d'illusions depuis toujours. t'as cessé d'le voir comme un héros et il est doucement devenu un chat d'gouttière. 04. la mère qu'essaie de te façonner à son image. elle veut qu'tu sois belle, elle veut qu'tu sois féroce, elle veut qu'tu sois féline. elle veut trop d'choses qui ne te correspondent pas. elle veut qu'tu mènes le monde par l'bout du nez, qu'on s'prosterne devant toi. mais la gamine, elle veut pas d'tout ça. toi, tu veux juste grandir, t'épanouir. tu veux pas qu'les gens s'traîne sur l'bitume pour tes beaux yeux. alors tu t'contentes d'hocher la tête et d'sourire tout en gardant l'silence. tu veux pas suivre sa voie. sa carrière a beau sembler fabuleuse, toi, tu rêves d'autre chose. toi, tu veux faire du sport, tu veux t'dépenser, tu veux extérioriser tout c'malaise que t'emmagasines depuis qu't'es en âge d'comprendre à peu près les choses. t'es p'tre enivrée par leur amour fictif mais t'es pas non plus complètement débile. tu vois bien qu't'es pas libre de faire c'que tu veux, d'penser comme tu veux, d'agir comme tu veux. alors t'as demandé une chose. une seule. demande surprenante mais pas dénuée d'sens finalement. inscription faite dans un club réputé de gymnastique. ta mère pourrait garder son emprise sur ton physique. bon compromis bien qu't'en ais pris conscience trop tard. et la mère qu'tu jalousais d'sembler si parfaite, s'est peu à peu transformée en déchet d'la société. 05. t'avais six ans, la première fois. la première fois qu'tes pieds ont foulé un praticable. la première fois qu'tes muscles t'ont rappelé leur existence. la première fois qu'tu t'es étirée à t'en faire péter les articulations. t'avais six ans lors de ton tout premier cours de gymnastique. c'était pas grand chose, c'sûr, mais c'était déjà assez. tu soupçonnes d'ailleurs tes parents d'avoir glissé un p'tit billet dans la main d'l’entraîneur pour qu'elle soit plus dure avec toi. des fois qu'ça te ferait changer d'avis, des fois qu'tu voudrais pas vraiment faire ça, des fois qu'ce serait qu'une lubie ou un tour de force fébrile. des fois qu'tu baisserais les bras vite fait bien fait. raté. princesse guerrière, princesse déterminée. hors de question qu't'abandonnes parce que c'trop difficile. ravie d'pouvoir dépasser tes propres limites, d'aller chercher toujours plus loin, d'aller puiser dans toutes tes ressources pour effectuer un mouvement demandé. jolie poupée dont la persévérance ne passera pas inaperçue. investissement total bien qu'tu sois encore beaucoup trop jeune. ouais, et alors ? y a pas vraiment d'âge pour commencer à être responsable. 06. t'avais huit ans lorsque tu as remporté ta première compétition. un p'tit truc, pas grand chose. une sorte d'gala pour les mioches. la fierté clairement lisible dans les yeux d'tes géniteurs, venus voir leur créature s'donner en spectacle. c'est là qu'ils ont compris qu'ils pourraient t'pousser au sommet dans une discipline à laquelle ils ne connaissaient pourtant rien du tout. c'est là qu'leur intérêt s'est décuplé et qu'ils ont commencé à s'dire qu'tu pourrais avoir la gloire par un autre biais qu'celui qu'ils avaient envisagés à la base. dommage pour toi, t'avais mal calculté ton coup. jolie poupée qui pensait pouvoir s'défaire de leur emprise. ils se sont investis dans ta passion et toi, princesse, t'as continué à sombrer dans leur folie des grandeurs. 07. les années se suivent et se ressemblent. triste constat d'une existence menée à la baguette. sans trop d'fioritures. jamais un écart, jamais un pas d'travers. tu fais c'qu'on t'demande de faire. tu brilles, tu donnes sans jamais rien attendre en retour, tu excelles. tu n'te pavanes pourtant pas, préférant garder ta gloire naissante pour toi. t'as jamais cherché à attirer l'attention sur toi. poupée bien trop modeste d'esprit, bien trop humble. si, au départ, tu cherchais surtout l'attention et la reconnaissance d'tes parents, voyant qu't'étais rien d'plus qu'un moyen d'faire encore plus joli dans la société, t'as arrêté. tes sourires à leur égard se sont taris, la distance s'est faite d'elle-même. fantôme errant au beau milieu d'la villa hors de prix dans laquelle tu vis avec eux. quinze ans et déjà si talentueuse. tes bulletins scolaires sont exemplaires, tu te surpasses dans ton sport de prédilection. souplesse et agilité. de corps et d'esprit. t'iras loin princesse, faut juste qu'tu t'donnes la peine d'tout envoyer valser. 08. plus tard, t'as l'occasion d't'évader. et tu la prends sans aucune hésitation. t'as obtenu une bourse complète à ucla. sport études. certes, tu t'barres de mill valley pour les cours, t'as une piaule à toi là-bas et puis tu rentres tous les weekends et pendant les vacances. prendre du recul, tenter d'te sortir des griffes acérées d'tes parents. au début, ça fonctionnait. l'illusion qu'tu pouvais respirer mieux, prendre plus de liberté. mais c'n'était que du vent. t'as pas vu la machination d'tes géniteurs, toi qu'étais trop concentrée sur tes cours. ils sont toujours là les vieux et tu n'les vois pas venir. jusqu'à tes premières véritables compétitions. présents dans les tribunes, jamais bien loin d'ton entraîneurs. les mots glissés à son oreille, probablement quelques petits billets aussi. t'en sais rien, tu n'veux pas savoir. œillères qu'tu replaces avec précision. tu pensais pouvoir y échapper. c'est raté. encore. 09. et, comme si c'n'était pas suffisant, il a fallut qu'tu rentres plus tôt qu'prévu c'jour là. et qu'tu découvres le pot-aux-roses. tes parents n's'aiment plus. confirmation évidente. adultère devant tes yeux surpris, sur l'canapé en cuir du salon. tu noteras de n'plus jamais t'asseoir dessus d'ailleurs. depuis t'hésites à t'poser un peu partout dans la villa. même l'plan d'travail, tu l'regardes de travers, pas certaine qu'il soit encore intact. ta mère avec l'jardinier. cliché d'une banalité déconcertante. ton père avec tout c'qui bouge, qu'a des seins et pas d'cervelle. ça t'file la gerbe encore aujourd'hui. et puis, finalement, tu t'dis qu't'es pas trop mal lotie, toi qu'est encore vierge et qui n't'intéresse pas à tout c'bordel qu'on fait autour d'l'amour. qu'les autres soient amoureux, t'y vois aucun inconvénient. tu trouves même ça magnifique. mais pour toi, c'hors de questions. et puis t'façon, t'as bien trop d'choses à penser. tes études, ton avenir, ton passé, tes potes -ou du moins c'qu'il en reste. nan, décidément, t'pas prête de caser et tu t'en cognes. du moment qu'tu continues d'avancer, c'tout c'qui compte après tout. 10. aksel. être particulier, complémentaire. un peu comme l'frère qu't'as jamais eu. enfants seuls qu'ont essayé d'se reconstruire -à défaut d'pouvoir s'construire depuis les bases- à deux. il t'offre la protection dont t'as indéniablement besoin. c'con, tu l'vois même pas qui montre les dents quand on s'approche trop près d'toi. c'probablement celui d'la bande dont t'es l'plus proche. depuis qu'tu fais profil bas, c'est l'un des rares à qui tu réponds quand il t'appelle. enfin, quand il t'appelait. 11. allie. d'aussi loin qu'tu t'en souviennes, tu t'es toujours entendue avec elle. trop plein d'douceur, amitié solide et durable. enfin, c'est c'que tu croyais. t'étais un soutien d'taille face à la paire white/west. tu l'aurais p'tre même poussée dans les bras d'darrel que ça n'aurait pas été étonnant. il n'aura suffit qu'd'une soirée pour qu'tout soit réduit à néant. les reproches qu't'essuies sans rien dire. y a ses choix brouillons qu'tu comprends pas. y a tout qui n'tient plus qu'par un fil. corde raide, tension à son comble. 12. darrel. tu l'connais depuis toujours. plus par obligation qu'par choix. enfin, au début. vos parents qu'avaient une idée derrière la tête. ils voulaient vous caser ensemble. que des conneries ouais. t'as jamais été porté sur la chose, tu voulais pas. il a p'tre essayé d'son côté mais t'étais pas réceptive. et puis, y en a eu une autre. allie. et toi, t'as adopté l'couple en un battement d'cils. parce que, ouais, ils sont beaux tous les deux et qu't'approuves totalement. depuis l'temps qu'ça dure, l'bail avec vos géniteurs, tu t'es alliée à lui pour démonter leur plan à deux balles. hors d'question qu'on t'impose ta vie privée, déjà qu'on t'fait chier sur l'reste, faudrait pas trop abuser non plus. 13. jayden. ça s'chamaille avec douceur. les taquineries légères, les p'tites piques innocentes. c'bon enfant, ça n'vole pas bien haut. et pourtant, à côté d'ça, il a toujours été là pour t'soutenir. il connait l'importance d'ta carrière et s'est toujours plié en quatre pour assister à chacune d'tes compétitions. tu lui as rendu la pareille d'ailleurs, faisant d'même à ton tour. paraît qu'c'est dans les deux sens qu'ça fonctionne, une amitié. soutien bienvenu parce que tu pourrais p'tre bien l'considérer comme l'coach secondaire, celui qu'est pas sous l'influence d'tes parents et qu'tu seras plus à même d'écouter. distance entretenue depuis quelques temps déjà mais c'toujours un plaisir d'le savoir dans les gradins en temps voulu. 14. lukas. l'début le plus difficile, probablement. fraîchement débarquée dans la bande, elle s'méfiait trop. elle t'a rembarré direct, toi qui voulais juste lui faire une p'tite place, comme à tout l'monde. poupée plus qu'sociable, t'pensais pas te retrouver à terre. pourtant pas rancunière, elle est revenue vers toi, plus tard, l'regard tout plein d'excuses. ça passe. toujours. c'pas la plus proche de toi. enfin, c'était. depuis, les choses ont changé et, avec aksel, aujourd'hui, c'est celle dont tu t'sens l'plus proche. 15. la bande s'étiole, les esprits s'échauffent. t'as l'impression qu'il n'reste plus grand chose de c'que t'avais laissé en partant. les vacances d'été viennent d'arriver et toi, tu rentres à mill valley. l'ambiance est pourrie et toi, t'essaies d'faire semblant. t'as réussi près d'une année. c'était facile, t'étais pas là. simplicité d'rentrer qu'un weekend sur deux. t'es là pendant deux mois. et il va s'passer quoi ?

16. cuisinière passable, pâtissière hors pair. comme quoi, ça servait d'traîner dans les cuisines quand t'étais gamine. l'chef te laissait volontiers observer chacun d'ses mouvement, t'permettant même parfois d'le faire toute seule, quitte à rattraper tes erreurs. jusqu'à c'que ce soit toi qui t'occupes des recettes entièrement. lui, il s'concentrait plus qu'sur le repas, toi, tu t'chargeais des desserts. bon, après, t'pas quiche non plus, t'sais suivre les indications donc ça va, t'capable d'cuisiner un repas d'base. 17. t'as un tatouage, une étoile sur l'poignet droit. une étoile. ça a fait grimacer tes parents mais t'as trouvé une bonne explication, t'détournant d'sa véritable signification. un truc convainquant, comme quoi c'était c'que tu pouvais devenir. une star dans ta discipline, capable d'atteindre des sommets. pour toi, cette étoile représente juste la liberté d'celle qu'tu pourrais être un jour. 18. la musique en fil rouge. importance capitale dans ton quotidien. les passages régulier chez l'disquaire, les thèmes d'tes représentations. tu regrettes de n'pas savoir jouer d'un quelconque instrument d'ailleurs mais tu t'consoles en t'disant qu't'aurais pas l'temps d'le caser dans ton agenda d'ministre. tu fredonnes souvent, jolie voix mais sans trop d'travail. un passe-temps qu't'as négligé. c'con, là aussi, t'aurais pu être douée si tu l'avais voulu. 19. c'complètement débile, carrément puéril. tu dors encore avec une peluche. gamine terrorisée à l'idée d'être seule et vulnérable au milieu d'tes draps d'adultes. protection pathétique dont tu n'arrives pourtant pas à t'séparer. tu dors mal quand tu n'l'as pas. rapport psychologique étroit, probable traumatisme d'l'enfance. doit bien y avoir une explication mais tu n'veux pas la connaître. 20. régime alimentaire particulier. faut qu'tu gardes forme et ligne parfaite pour ton avenir. tu fumes pas. tu bois rarement, quoi qu'tu ne refuses jamais une bière, deux maximum. tu préfères l'thé au café. tu n'manges pas entre les repas et ceux-ci sont réglementés. tu cours tous les matins, tu t'étires tous les soirs. routine millimétrée. gamine qu'on empêche de vivre et qui semble avoir pris goût à ces journées sans surprises.

—— hometown glory ——

☆ Depuis combien de temps êtes-vous à Mill Valley ? depuis toujours. née à san francisco mais c'juste parce que l'hôpital s'y trouve. parents installés à mill valley depuis un bail, t'as hérité d'ton enfance dans c'même bled. aujourd'hui, tu vis entre ici et los angeles. en général, tu rentres un weekend sur deux. les vacances d'été restant l'seul moment où tu n'bouges pas d'la ville. ou alors rarement, quand t'as des compétitions qui s'imposent.
☆ Aimez-vous cette ville ? Pourquoi ? sentiment partagé, mitigé. tu l'aimes autant qu'tu la détestes. les bons moments s'entremêlent avec les moins bons. alors tu préfères ne pas t'prononcer, des fois qu'tu regretterais de choisir un côté plutôt qu'l'autre.
☆ Dites-nous, quel est votre plus grand secret ? l'accident. celui qui t'place sur la corde raide, déterminant d'ton avenir. soirée trop arrosée, cinq corps dans la voiture, toi, coincée sur la banquette arrière avec darrel et allie. devant toi, y avait lukas et derrière l'volant, c'était aksel. manquait que jayden. il avait p'tre bien eu raison de n'pas vous accompagner. toi qui, pour une fois, avait décidé d'boire jusqu'à plus soif, ça t'en a passé l'envie. parce que, du coup, aucun d'vous n'a vu la voiture arriver en face. aucun d'vous n'a fait gaffe que l'fox, il roulait pas sur la bonne file non plus. coup d'klaxon, pneus qui crissent sur l'bitume, fracas, silence, bruit sourd. et puis, plus rien. vous, ça va. l'type dans l'autre voiture, c'est autre chose. sacré chute pour la carcasse de métal. l'conducteur plongé dans l'coma et la culpabilité qui t'ronge les tripes.
☆ Êtes-vous le seul au courant, ou avez-vous mis d'autres personnes dans la confidence ? la bande est au courant. c't'une évidence, vous étiez tous ensemble. t'en as parlé à personne toi. tu n'peux pas. ça foutrait tous tes plans en l'air. et tu veux pas. parce que si t'as plus rien pour t'raccrocher à l'avenir, t'es foutue. alors tu dis rien, t'en parles pas, t'oublies. enfin, t'essaies. les images te reviennent pourtant en boucle, comme si elles ne voulaient pas t'laisser en paix. alors tu t'éloignes en silence, tu prends tes distances avec cette bande de potes qu'est pourtant ta seule et véritable famille. et tu baisses la tête quand t'en entends parler, à gauche ou à droite. surtout depuis qu'le type de l'autre bagnole est sorti du coma. angoisse permanente, princesse sur le qui-vive. d'autant plus qu'deux d'tes potes ont été exposé par ces putains d'pigeons d'malheur. et si jamais c'était toi, la prochaine ?

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