OYÉ OYÉ, BRAVES GENS.

elle déambule dans les rues de la ville, son air insouciant collé sur le visage. elle n'a pas de soucis, quoi qu'elle se soit pris la tête avec sa mère parce qu'elle voulait le dernier sac de chez chanel pour son anniversaire alors que sa génitrice lui avait offert celui de chez gucci. prise de bec dont elle se souviendra encore longtemps, la gamine à son papa qui a la rancune tenace. et quand elle le croise, elle le toise. princesse hautaine qui presse le pas de peur qu'il s'en prenne à ce sac à main démodé. ce qu'elle ignore pourtant, c'est qu'il s'en fiche royalement, d'ses allures de fille des magasines. lui, il a les mains fourrées dans ses poches de jean et le casque sur les oreilles. il rentre du boulot et il a encore des tonnes de choses à faire. le petit appartement minable dans lequel il vit est bien trop bruyant et pas assez spacieux pour y loger sa famille de manière convenable. mais il n'y a pas le choix. il manque d'argent et malgré les trois emplois qu'il possède, il ne peut leur offrir plus que ce qu'il a déjà. alors c'est vrai qu'il rentre à reculons avec cet air de gamin paumé. et puis, son regard croise celui de celle qui semble n'avoir plus d'âge et qui fait la manche, au coin de la rue d'en face. des années qu'elle est là, des années qu'elle croise les mêmes visages et que personne ne semble s'en soucier. elle a tout perdu ou alors c'est la vie qui ne lui a tout simplement pas fait de cadeau. elle voit tout, elle entend tout. au courant des derniers potins, elle a vu la ville changer sans jamais pouvoir en tirer un quelconque bénéfice. elle reste là, avec son morceau de carton qui somme le monde de lui donner un petit coup de pouce. y a des gens bien sur cette planète, elle n'a jamais perdu espoir et les sourires qu'on lui offre par moment la remplissent de joie. c'est comme cet homme qui lui apporte un chocolat fumant tous les soirs, à la même heure. il a un travail stable mais reste un éternel célibataire. il se font de la masse, ne veut pas se faire remarquer. il n'a pas le porte-feuille qui déborde de billets et il n'est pas non plus dans le besoin. il offre de son temps libre aux associations, pour la bonne cause qu'il se répète. un monsieur tout le monde au final.

tout à l'air bien rodé. les mêmes gens aux mêmes heures. les mêmes drames familiaux aussi ridicules les uns que les autres quand on se promène dans le quartier bourgeois de la ville. les mêmes histoires sordides qui ressortent du quartier le plus malfamé. il y a même ces événements débiles et inutiles que la mairie s'évertue à organiser pour rassembler ses habitants. en général, ça finit en guerre des clans, c'est un fiasco permanent. et, au milieu de tout ce bazar, il y a cette peur que l'on ne peut contrôler. cette boule qui grandit à l'intérieur et bloque la respiration, faisant s'arrêter plus d'un palpitant. un groupuscule anonyme qui sème la pagaille sur son passage. vous pensez que c'est une chose difficile à faire quand on voit le chaos qui règne déjà en ville ? et bien détrompez-vous. parce que chacun possède un secret lourd à porter et ces gens sont là pour les dévoiler, faire en sorte que tombe les masques. la vérité triomphera qu'ils scandent sur tous les toits. personne ne sait qui ils sont et tout le monde les redoute. personne n'est en sécurité à harvey. entre les gangs, les guerres de pouvoir et ces vengeurs masqués qui se sont auto-proclamés maîtres de la transparence, cette ville, qui fût autrefois si paisible bien que misérable, est devenue le berceau de tous les dangers. tremblez dans les chaumières et soyez prêts à affronter vos plus grands démons. tiendrez-vous le coup ?